Projet « Femmes et foncier » : Horizons Femmes vole au secours des femmes et des veuves
La loi est claire ! Tous les individus ont droit à la terre et peuvent en jouir de manière égale. La catégorie, que constituent les femmes et les veuves, n’en est pas exclue. Cependant, on observe que cette catégorie n’exerce pas pleinement son droit d’accès à la terre ou à la propriété foncière qui leur est pourtant reconnue par les dispositions nationales et internationales. Les statistiques du Ministère du Domaine, du Cadastre et des Affaires Foncières (MINDCAF) 2005-2014 viennent confirmer cet état des lieux alarmant. Ainsi, sur les 11937 titres fonciers délivrés en 2013, seulement 19%, soit 2309, sont détenus par les femmes contre 81% pour les hommes, soit 8398. Dès lors que l’on sait que, selon les chiffres de l’ECAM III, les femmes dominent le secteur de l’agriculture à 87%, on peut trouver paradoxal et inéquitable que celles-ci soient des laissées pour compte en matière d’accès à la terre. Ce contraste mérite donc de poser les conditions d’accès à la propriété foncière.
Le projet de « Mobilisation communautaire et plaidoyer pour la sauvegarde des droits fonciers des femmes et veuves dans les Régions du Centre et de l’Ouest du Cameroun» (Femmes et Foncier), mis en œuvre par Horizons Femmes, est une sorte de bouée de sauvetage qui vient favoriser la jouissance des droits économiques à travers l’amélioration du niveau d’accès à la terre des femmes et veuves des Régions du Centre et de l’Ouest du Cameroun. Implémenté dans 6 départements de la Région de l’Ouest (Mifi, Bamboutos, Menoua, Haut-Nkam, Noun et Nde) et dans 4 départements de la Région du Centre (Lékié, Nyong et so’o, Mbam et Kim, Mbam et Inoubou), le projet vise spécifiquement à renforcer les connaissances des femmes et des veuves en matière de droits fonciers, réduire les expulsions forcées des cibles de leurs terres à travers un plaidoyer, faciliter la mise en place d’une dynamique de rétrocession des terres abusivement confisquées et amplifier les voix des femmes et des veuves afin de leur permettre de revendiquer leurs droits à la terre.
L’atteinte de ces objectifs nécessite de mettre en œuvre un certain nombre d’activités notamment, la formation des parties prenantes, le plaidoyer auprès des groupes cibles jugés influents, la collaboration et l’implication des médias, les actions de communication et plaidoyers communautaires, la mise sur pied d’un réseau de femmes sur le Genre et Foncier au Cameroun accompagné d’une plateforme de solidarité.
Au-delà de la paix et de la cohésion sociale, ainsi que du renforcement de l’autonomisation de la femme et de sa participation à la réduction de la faim et au développement durable, il est envisagé que, arrivé en son terme en juillet 2020, le projet « Femmes et Foncier » aura changé la manière de percevoir les conditions d’accès à la terre non seulement des femmes et veuves, puisque leur niveau de connaissances et de maitrise des procédures sur les questions foncières et domaniales est amélioré, mais aussi des autres parties prenantes. Désormais, les perceptions andro-centriques de la propriété foncière connaissent une modification au sein des communautés, les agents publics et élus locaux s’érigent en soutien à l’action de lutte contre les expulsions forcées et les procédures en rétrocession de la terre des femmes, et celles-ci sont organisées au sein des communautés dans un système intégré d’auto-défense contre les expulsions forcées.
Le projet « Femmes et Foncier » bénéficie du soutien financier du Fonds Africain pour le Développement de la Femme (African Women’s Development Fund AWDF). Cette subvention rentre dans le cadre de son Fonds de subvention en appui à l’activisme pour la défense des droits humains de la femme dans les pays du sud.
Cédric NOUMBISSIE N.