PREVENTION DE LA COVID-19 AUPRÈS DES TS : L’APPOSITION DES AFFICHES COMME ACTIVITÉ DE SENSIBILISATION
Les points chauds de la capitale politique du Cameroun connaissent une ambiance éducative depuis le mois de juin 2020. D’Emombo à Ekounou en passant par mini-ferme ou encore TKC, les pairs éducateurs du projet de prévention de l’infection à coronavirus dans les points chauds de la ville de Yaoundé sillonnent les hot spots, les couloirs et les auberges avec des affiches diffusant des messages de sensibilisation spécifiques aux activités de travail de sexe.
8 mesures barrières à adopter et adaptées à l’activité nocturne (mais aussi de plus en plus diurne) des travailleuses de sexe, tels sont les messages que l’on peut lire sur l’affiche qui a été conçue dans le cadre de ce projet. « Les travailleuses de sexe n’ont pas une activité comme les autres. La nature de ces activités augmente considérablement leur risque d’exposition à l’infection à coronavirus. C’est pour cette raison que nous avons opté pour des messages de sensibilisation spécifiques à cette cible », explique la coordonnatrice du projet. On peut notamment lire des messages qui invitent les travailleuses de sexe à adopter des positions où elles ne font pas face aux clients, ou qui les invitent à exiger aux clients de se laver les mains avec de l’eau courante et du savon avant toute interaction. Il leur est également recommandé de désinfecter leurs chambres après chaque passage d’un client, à l’aide d’une solution de décontamination à base d’eau de javel et simple à fabriquer. On y trouve aussi des images des différentes mesures barrières à adopter et le numéro vert mis à disposition des populations par le Ministère de la Santé Publique au Cameroun.
Apposition dune affiche de sensibilisation dans un point chaud de Melen
Sur le terrain, les pairs éducateurs sont répartis par secteur. Dans chaque secteur, ils doivent se déployer dans les différents points chauds. Parmi ces pairs éducateurs on retrouve les différents corps qui gravitent autour du milieu du travail de sexe notamment les TS elles même, les « Boys » (les hommes qui assurent leur protection durant leurs activités), les aubergistes et les reines mères. Marie jeanne fait notamment partie des pairs éducateurs et est issue de la cible TS. Elle travaille au quartier Melen et mène les activités de sensibilisation dans les points chauds de Mini-ferme. Comme tous ses collègues, elle effectue des descentes de sensibilisation deux fois par semaine dans les différents couloirs du secteur où elle exerce. Elle appose des affiches dans les couloirs où se positionnent les TS et où passent leurs clients. Elle les appose également au sein des auberges et sur les portes des chambres de chaque TS. « En les mettant dans ses endroits, on est sûr que les clients vont les voir directement quand ils entrent », explique-t-elle. En plus des affiches du projet, une autre contenant les positions sexuelles à adopter et celles à proscrire en cette période de pandémie et préconisées par l’OMS, est également apposée dans les auberges. Selon Marie jeanne « les aubergistes aiment cette affiche de positions sexuelles, parce qu’ils disent qu’elle parle directement aux filles et même aux clients. Quand on voit cette affiche, on n’a pas besoin de parler, tout le monde comprend ». Cette activité d’apposition des affiches ne se fait pas sans anicroches. En effet les Pairs Educateurs relèvent un certain nombre d’obstacles sur le terrain. Les pluies abondantes effacent les affiches et les pairs éducateurs sont obligés de repasser chaque fois les remplacer. Certains aubergistes adhèrent difficilement à l’activité ou réclament de l’argent avant d’accepter qu’une affiche soit collée dans l’espace dont ils sont responsables. Les badauds ne se gênent pas de déchirer les affiches au gré de leurs humeurs. Ces difficultés ne mettent pas en péril le travail de sensibilisation, surtout qu’en plus des affiches, les dépliants d’information sont aussi utilisés comme outils de sensibilisation dans le cadre de ce projet qui bénéficie de l’appui du Fonds Canadien d’Initiatives Locales (FCIL) et est mis en œuvre par Horizons Femmes.
Cédric NOUMBISSIE