La réflexion de Mbalmayo sur la question de l’accès de la femme à la terre

réunion communautaire plaidoyer Mbalmayo

Un plaidoyer auprès des leaders communautaires et des chefs traditionnels de l’arrondissement du Nyong et So’o

Ce mardi 02 juillet 2019, l’arrondissement de Mbalmayo (sous-préfecture) a accueilli l’équipe du Projet Femmes et Foncier, comme 7 autres arrondissements dans la Région du Centre avant elle et 8 dans la Région de l’Ouest dans le cadre des réunions communautaires de plaidoyer, pour discuter des questions d’accès de la femme à la terre et son autonomisation. Qu’en est -il vraiment de la situation des femmes sur l’obtention d’un titre foncier de côté-là ?

Place au décorum administratif, il est 12h30 minutes, le chef des terres, le Sous-Préfet, plante le décor après l’honneur rendu à la nation à travers le chant du refrain de l’Hymne National. Le mot de bienvenue du sous-Préfet est à l’endroit de l’équipe de Horizons femmes, les chefs traditionnels et les leaders communautaires présents à la discussion. Au total une vingtaine de personnes ont pris part aux échanges de près d’une heure 30 minutes. Le plaidoyer de l’équipe du projet vers eux pour un changement de comportement et de la façon dont nous percevons la femme ou la jeune fille dans nos foyers et nos cultures. La parajuriste et le superviseur du projet ont apporté une explication sur la raison dudit projet, le constat qui est fait et les moyens de palier le problème. Il ressort que la femme dans la distribution des biens patrimoniaux de ses géniteurs n’occupe pas une place aussi privilégiée que ses frères. Celle-ci est souvent renvoyée à des stéréotypes sur le fait qu’elle est appelée à aller en mariage et d’aller hériter des biens de son mari…et même à ce niveau, cela ne fait pas l’unanimité, car dans son foyer conjugal les mêmes problèmes sont observés.

 

Le sous-préfet entouré par le superviseur du projet et la para juriste

Le sous-préfet entouré par le superviseur du projet et la para juriste

 

Une interrogation suscite par conséquent des réflexions auprès de l’assistance : pourquoi cet état de choses ? qu’est-ce qui serait à l’origine de cette situation dans nos familles ?  Un calme se fait ressentir dans la salle, chacun guettant le plafond ou jetant le regard dans le vide comme cherchant la réponse au fond de ses entrailles. Ah oui la question est importante et le problème est sérieux quand on s’y penche mieux. Une voix majestueuse se fait entendre dans la salle. C’est un homme, le premier qui demande la parole…évidemment nous également sommes intéressés par la question ! Se présentant comme traditionnaliste bantou, ce dernier estime que le problème vient de la femme elle-même qui se sous-estime, ne se valorise pas assez et ne connait pas ses droits. Celle-ci devrait plus s’intéresser aux affaires de son époux, ne pas rester seulement en ville, arguant à tort que le village a la sorcellerie. De tels préjugés ne lui profiteront en rien et encourageront sa belle-famille d’accaparer tout à la mort de son époux.  Néanmoins, le traditionnaliste bantou a reconnu comme d’autres leaders communautaires présents, la marginalisation de la femme dans nos cultures et a salué l’avenue du projet dans cet arrondissement et que celui-ci devrait s’étendre dans tous les 28 villages de cette circonscription. Que ça fait du bien d’entendre cela d’un bantou traditionnaliste ! quand on sait la rigueur qu’applique la tradition bantoue sur la femme, qui est reléguée au rang de spectateur et ne s’occupe que de sa cuisine comme l’a souligné la parajuriste.

 

Cheffe Traditionnelle

Cheffe Traditionnelle

Sur ce point le représentant de Horizons Femmes répond, la femme même si elle est en mariage a toujours droit à la terre de ses géniteurs et la loi est claire là-dessus. Et si elle est mise à l’écart qu’elle fasse appel à la juridiction, elle aura toujours gain de cause car elle jouit des mêmes droits que tous les autres enfants. Il est donc primordial de sensibiliser encore et encore, le plaidoyer s’adressant davantage aux chefs traditionnels et religieux.

« L’époque où on jubilait uniquement à la naissance d’un enfant de sexe masculin est révolue. Que la discrimination soit éradiquée » a argué une cheffe traditionnelle s’offusquant de la situation qui se passe dans son terroir à Nkoldom où les femmes sont menacées de mort si elles discutaient un bien de leur défunt époux, où les frères partagent sans remords l’héritage des parents en écartant leurs sœurs. L’ignorance et le manque de dialogue créent des tensions dans certaines familles ne permettant pas le dialogue entre les conjoints, laissant place à des préjugés. Au moins le débat est ardu bien que nous ayons au moins 2 siècles de retard sur la question. Mais les résultats ne seront pas visibles aujourd’hui, a reconnu un chef traditionnel, la trentaine environ, le plus jeune des 4 présents. Les femmes elles-mêmes sont parfois à l’origine de la dilapidation des biens fonciers de leur mari, encourageant ceux-ci à la vente, parce qu’elles miroitent une certaine vie luxueuse. Le problème réside souvent peut être ailleurs à savoir l’éducation. Nous, les parents, sommes parfois à l’origine de cette discrimination, en scindant dès le bas âge de nos enfants, les tâches typiquement fille et typiquement garçon, a expliqué une responsable de Horizons Femmes.

 

Le plus jeune chef de l'assistance qui condamne les coutumes anciennes défavorables à la femme

Le plus jeune chef de l’assistance qui condamne les coutumes anciennes défavorables à la femme

Il ressort donc, que toutes les familles, tous les arrondissements, toutes les régions ont les mêmes problèmes concernant l’accès à la terre et plus encore le titre foncier. Les hommes tout comme les femmes subissent aussi cette marginalisation à l’exploitation de la terre, car les enfants nés de la mère décédée qui n’est pas allée en mariage, subissent souvent la foudre de leurs oncles maternels. Vivement que l’accompagnement soit effectif au niveau de l’obtention des titres fonciers ! souhaite la cheffe traditionnelle de Ekom-Bitié. In fine, l’équipe de Horizons Femmes rassurant tout le monde qu’elle accompagnera les femmes victimes faisant face au problème décrié ce jour, a quitté les lieux sous les ovations de l’assistance et les encouragements du Sous-Préfet. Les chefs traditionnels se satisfaisant des échanges demandaient à quand la prochaine rencontre… Il est 14h00.

 

 Bienvenue MVENG

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