Travail domestique au Cameroun : réunion des acteurs du secteur autour des chiffres

atelier de validation de l'étude sur l'état des lieux du travail domestique au Cameroun

La salle de conférences de l’hôtel Mérina a accueilli ce mercredi 12 juin près de 60 acteurs intervenant dans le travail domestique, à l’instar de Horizons Femmes, autour du Bureau pays de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) lors d’un atelier de validation d’une étude sur le travail domestique au Cameroun.

En théorie, on a coutume de dire qu’il n’y a pas de sot métier, mais dans la pratique, le constat est beaucoup moins reluisant dans certains secteurs d’activités où les métiers y afférents sont considérés comme des sous métiers et les travailleurs comme des sous hommes et femmes. Aussi, un adage populaire voudrait que la personne qui n’a pas travaillé n’ait pas droit au salaire, mais la réalité est toute autre puisqu’il y a des secteurs où des gens travaillent avec acharnement et plus que d’autres mais n’ont souvent pas droit à une rémunération. Ces constats malheureusement amers, inhérents au travail domestique, ont pu être relevés lors de l’Atelier national tripartite de validation de l’étude technique sur l’état des lieux du travail domestique au Cameroun et de sensibilisation sur les Normes International du Travail (NIT) relatives au travail domestique.

Grâce à son projet mené pour l’amélioration des conditions des travailleurs domestiques, Horizons Femmes figurait en bonne place parmi les 60 participants qui ont été invités pour ces travaux organisés par le Bureau pays de l’OIT pour le Cameroun, la Guinée équatoriale et Sao Tome-et-Principe (Bp-Yaoundé), dont le but était de procéder à la présentation des résultats de l’étude technique sur l’état des lieux du travail domestique au Cameroun tout en procédant à une sensibilisation sur les NIT relatives au travail domestique.

Selon cette étude technique, malgré l’augmentation du nombre de travailleurs domestiques au Cameroun, de 65416 en 2016 à plus de 120 000 en 2019, les conditions de travail de ceux-ci sont toujours aussi précaires. En effet c’est le contrat verbal qui y prime, le temps de travail est fortement élevé (49h/semaine), les salaires sont extrêmement bas (68,1% touchant moins du SMIG) et parfois inexistants dans 16% des cas, avec des travailleurs qui ont un salaire moyen de 26 597 F. CFA et qui sont exclus du système de sécurité sociale tout en étant fréquemment victimes de violences et d’abus.

Par ailleurs l’étude nous révèle que les femmes sont surreprésentées dans ce secteur d’activités (78,7%) et que la tranche d’âge de 25-34 ans est la principale source de main d’œuvre tandis que celle de 10-17 ans constitue 15,9% de cette main d’œuvre.

Ces constats pourraient laisser croire que ce secteur d’activités n’est pas encadré juridiquement, pourtant tel est le cas. Au niveau international, des textes juridiques encadrent ce secteur notamment la convention n°189 et la recommandation n°201. Au niveau national, les droits des travailleurs domestiques sont garantis en principe par la Constitution et le code de travail entre autres instruments, mais le travail domestique ne bénéficie pas d’un cadre stratégique y dédié les actions des institutions publiques pour faire respecter les droits des travailleurs domestiques se limitent à quelques sensibilisations et plaidoyer.

Selon Amanda Mejia-Cañadas du BIT, c’est pour palier à ces difficultés constatées dans la plupart des pays du globe qu’ont été adoptés en 2011 des textes juridiques pour protéger les droits des travailleurs domestiques notamment la convention n°189 qui a un caractère contraignant pour l’Etat qui l’a ratifiée et la recommandation n°201, non contraignante. Selon elle, ces normes internationales ont pour principaux enjeux de garantir un travail productif et convenablement rémunéré, la sécurité sur le lieu de travail et la protection sociale, de meilleures perspectives de développement personnel et d’insertion sociale, une meilleure relation de travail (la formalisation par le biais des contrats écrits), de meilleures conditions d’emploi (libre choix du lieu de résidence, meilleur temps de travail, rémunération convenable et décente).

Malgré la précarité des conditions de travail des travailleurs domestiques au Cameroun, la convention n°189 tarde à être ratifiée par le Cameroun qui l’a pourtant mis en étude depuis mai 2018. Des travaux comme ceux-ci serviront sans doute de boost à l’action du gouvernement en faveur de la ratification de la convention. C’est du moins le souhait de tous les participants à ces travaux, car comme le dit Amanda Mejia-Cañadas « le travail domestique est un travail à part entière mais à nul autre pareil ».

 

Cédric NOUMBISSIE.

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