VIH et VBG… parole donnée aux couches vulnérables de Mini-ferme
L’expansion malheureuse du VIH au Cameroun, pousse comme à l’accoutumée Horizons Femmes à faire une descente ce 16 et 17 mai 2019 dans deux établissements où exercent les personnes vulnérables du quartier Melen (Mini-ferme) pour y sensibiliser les leaders communautaires sur la nécessité de se protéger du VIH, les IST et de faire face aux Violences Basées sur le Genre.
Il n’est pas toujours évident d’entretenir une conversation constructive surtout concernant un sujet aussi sensible que le VIH et les VBG dans des milieux où les dessous du ventre et les grandes gueules sont célébrés. Mais la détermination de l’équipe de Horizons Femmes est sans faille connaissant l’urgence de la question et la mission qui est la leur confiée.
Il est 11h 03 min ce 16 Mai, nous sommes arrivés au lieu où se tiendra notre première « agora », comme vous l’imaginez il y a de l’agitation dans l’air entremêlée de timidité. Que se passe-t-il ? il nous a été rapporté par la leader communautaire maestria du coin, que certains s’inquiétaient qu’il y aurait un dépistage pendant la causerie. Le dépistage du VIH est craint dans ces quartiers-là, aussi craint qu’un tueur en série dans un thriller de Stephen King. La daronne, par son influence a rassuré tout le monde de l’absence de « monsieur dépistage » dans nos échanges, et peu à peu la salle nonobstant son étroitesse a commencé à faire foule.
Durant ces deux jours, au menu des échanges : le VIH/SIDA et les IST, leur mode de transmission, comment les éviter les différents moyens de contraception ; les différents types de VBG, comment les réduire et leur lien avec le VIH/SIDA. Un stagiaire plantant le décor avec un speech introduisant la responsable du plaidoyer sur le panel. Le public, constitué en moyenne d’une vingtaine de personnes (en majorité féminin) est très interactif face au sujet débattu. La responsable du plaidoyer interpelle donc l’auditoire par une question : comment attrape-t-on les IST et le VIH ? Un jeunhomme marmonnant des paroles timidement s’empresse de répondre : « par voie sexuelle », une voix féminine se fait entendre « à l’allaitement de la mère à l’enfant ! », une autre voix grave dit au fond de la salle « avec les lames et les couteaux souillés !», et le public tout entier se met à jacasser c’est dire que parler du VIH est ludique et amusant.
Dans un hotsopt
Un Sujet n’est pas resté en laisse, les VBG dont la responsable par sa voix douce a su parler des choses si graves : les Violences et leurs conséquences sur la psychologie, la santé notamment l’exposition au VIH/SIDA. Et là, les victimes présentes n’ont pas fait la sourde oreille, les questions foisonnent de part et d’autre : « que faire quand on est en face d’une brute de sexe ? » ; « des drogués viennent vers nous et ne sont jamais satisfaits : que faire d’eux ? » ; L’auditoire s’est alors mis à tirer à hue et à dia, avec des discussions sur les termes du « marché du plaisir » Que c’est passionnant de parler du VIH ! Que c’est vibrant de tout mettre sur la table ! Nous ne cachions pas notre joie de savoir qu’on est compris dans ces lieux en voyant des personnes dans l’assistance remplir la fiche de présence en promettant passer à l’Association côtoyer « monsieur dépistage ».
S’il y a quelque chose que l’équipe de Horizons Femmes maîtrise quand elle est en contact avec sa cible, c’est le plaidoyer qui s’acquiert avec l’expérience de terrain. Nous avions été ravis d’entendre la réponse donnée par une leader communautaire à ses congénères lorsqu’elle a parlé du dialogue face un VBG. Ah oui, elle connait très bien la grande gueule de ces « dames-là ». La communication, une certaine communication adoucit les mœurs. Cela est primordial pour ne pas être victime d’un acte de violence, « même si tu as le retour derrière toi, il sera trop tard » affirme-t-elle. Et en cœur l’assistance a répondu par l’affirmative : « c’est vrai ! ».
In fine, les échanges sont constructifs lorsqu’ils apportent un plus de ce que nous savons déjà. La charge virale d’une personne atteinte varie de l’une à l’autre, plus elle grande plus la personne infectée transmet facilement le VIH si elle n’est pas sous Anti Rétroviraux. Même si c’est une femme enceinte, elle expose son enfant, a expliqué, médecin stagiaire de l’Association face à une préoccupation d’une dame très réactive dans la salle.
Il est 12h30 ce 17 mai 2019, la séance de causerie prend fin. Le parfum du casse-croute envahit la salle…cela fait des heureux et des voix s’élèvent. Il fait toujours plaisir de manger quelque chose. Dans les débats de table une dame dit en souriant : « la causerie étant amusante et fun…je ne savais pas que c’est comme ça que ça se passait ». L’équipe de Horizons Femmes en sortant des locaux de ce hotspot avait un espoir en cœur que le rendez-vous soit honoré par ces leaders communautaires pour l’étape suivante au Drop-In-Centre.
Bienvenue MVENG.